SI LE VENT SOULÈVE LES SABLES
HALKAAS SAXAHARA
SOHOOD
DROP OF LIFE
2007
Réalisé Marion HÄNSEL
Adapté du roman de Marc DURIN-VALOIS
Produit par Man’s Films & ASAP Films
Musique composée, orchestrée et dirigée par René-Marc BINI
© Altynaï
Disponible en CD sur la boutique Altynaï
Enregistrée et mixée par Philippe AVRIL aux studios TEX AVRIL (Paris)
Assistants Quentin GUINÉ & Guillaume THOMAS
Orchestre à cordes enregistré au studio OPUS par Philippe AVRIL, assistant Mathieu ROUXEL, régie Laetitia RINGEVAL
Cathy RENOIR : Chant
Maan YOUSSOUF : Voix parlée
Anne-Claire CAZALET : Harpe
Sylvia ABRAMOWICZ : Viole de Gambe
Nicolas MONTAZAUD : Udu, Bendir, Rouleur, Bidons, Bols chinois, Angklung, Woodblocks, Triangle, Caillambe, Bâton de pluie…
Joël GRARE : Cymbales, Cloches à lʼarchet,Tambours, Udu, Bendir, Pailles, Rhombes,Ondes, Guimbarde, Cerf-volant…
So KALMERY : Didgeridoo, Oud
Hervé GOURDIKIAN : Duduk, Bansuri, Shakuhachi
René-Marc BINI : Chant, Piano, Guitare, Basse, Orgue, Sanza, Kora, Tchanou, Marimba, Djembé, Darbuka, Grelots…
Percussions Joël GRARE enregistrées au studio DE L’AUTRE CÔTÉ DES RAILS
Piano enregistré au studio MOBO par Marcel MERINO
Ambiances et chants traditionnels enregistrées sur le tournage à Djibouti par Henri MORELLE
Bande Annonce
Une rencontre
Il faut bien l’avouer, il y a manifestement plusieurs genres de metteurs en scène. Aux deux extrêmes, je distinguerais :
a/ Ceux qui ont peur : la musique va changer la perception du film (en réalité, c’est souhaitable, bien entendu). Mais le compositeur doit trouver la solution miracle, car il faut absolument mettre de la musique. Après tout c’est lui le spécialiste. « Attendons de voir ce qu’il nous propose ». Aucun travail préalable de recherche du style de la musique, de la façon dont il faudra l’utiliser. Rien. Comme s’il n’y avait qu’une sorte de musique de film. En général, vous ne comprendrez pas vraiment comment vous avez été choisi.
Le métro de retard ne se rattrapera pas. Vous aurez beau prévenir, avertir, demander, envoyer vos plannings d’enregistrements, expliquer votre façon de travailler… rien n’y fera. Vous n’aurez aucune réaction utilisable, à part des « c’est pas mal », « il faut voir », « on est débordés par le montage », « la chaine n’a pas aimé » (les maquettes que vous aurez envoyées, et que l’on aura tartinées sans vous le dire sur le film sans aucun discernement). L’avis personnel du metteur en scène restera pour vous une énigme.
Les dates d’enregistrements approchant, vous vous attellerez au travail : grilles, partitions symphoniques, choix et rv avec les musiciens, plannings de studio, travail avec l’ingénieur du du son sur le type de son que l’on brigue. Bref le travail normal quoi. Bien entendu, personne ne viendra aux séances. Sinon ce serait trop simple. Car ça éviterait que, réveillé par l’imminence du mixage du film, on vous demande soudain de nouveaux thèmes alors que vous êtes en train d’enregistrer ceux que vous aviez préparés. C’est un peu comme changer de scenario pendant qu’on tourne.
Les corollaires sont incontournables : pas de convivialité (!), tensions, incompréhensions des tiers, stress, gaspillages,.voire… aboiements ! À l’arrivée, une musique pas au top (!). Et qui de surcroît sera mal utilisée. Il y a une logique.
b/ Ceux qui abordent la musique comme les autres éléments du film : choix des comédiens, choix du type de maquillage, choix des costumes, choix du type d’image, choix du type de prise de son direct… Vous avez remarqué bien sûr, il s’agit de choix. En tant que compositeur, vous serez donc contacté en amont du tournage, comme tous les autres. Vous comprendrez pourquoi vous avez été choisi. La réflexion aura commencé bien avant. La musique fait partie intégrante du projet. Ce n’est pas un élément rapporté, ce n’est pas un bouche-trous, ni un moyen de rattraper des erreurs ou des insatisfactions. Ni surtout l’expression d’un simple conformisme. Le metteur en scène aura beaucoup écouté les musiques que vous avez composées jusque là. Lorsqu’elles sont aussi faciles d’accès que sur ce site, il suffit de prendre le temps me direz-vous. Eh bien la plupart ne le font pas, ils survolent, parfois ils se focaliseront sur une bricole grapillée au hasard. Consternant. Et édifiant.
Je vais continuer la description de la “catégorie b” en vous parlant de Marion Hänsel. Pardon de ces digressions, mais il est probablement plus aisé de faire des compliments lorsqu’on prend un peu de recul. Ou simple pudeur peut-être, je ne sais.
Marion m’a appelé 6 mois avant de tourner. Elle cherchait un compositeur pour Chamelle (c’était le nom du film à l’époque) depuis des mois, puis a écouté la musique des Caprices d’un Fleuve, qu’elle a trouvée dans une mediathèque de Bruxelles, puis y a cherché tout ce qu’elle pouvait trouver de mes musiques. Tout cela avant de m’appeler.
J’ai lu le scenario dans les jours qui ont suivi. J’ai tout de suite voulu participer à l’aventure. Au téléphone, le courant est tout de suite passé. Je sentais de l’envie, de la clarté, mais aussi beaucoup d’ouverture. Le tout sur un ton enthousiaste et très posé. Profondeur est le mot que je retiendrais et, à l’heure où j’écris ces lignes, je continue à le trouver particulièrement approprié. Sur tous les plans, la clarté règnait d’emblée, y compris sur le plan budgétaire. Malgré une économie loin d’être pharaonique, nous avons très vite trouvé un terrain d’entente original. La confiance était déjà là, alors que nous n’avions encore pas travaillé ensemble.
Quelques jours après, je recevais de sa part une vingtaine de disques d’origines diverses. Sur chacun d’entre eux était placé un post-it indiquant la plage qui lui plaisait. Je me suis mis à les écouter, peu à peu. Ce qui était drôle, c’est qu’elle m’écrivait, sur le petit mot qui les accompagnait, quelque chose comme “ce ne sont que quelques pistes possibles”. En faisant ce travail, elle me disait ce qu’elle attendait de moi, de la façon la plus musicale possible. Elle savait sans que nous en ayons parlé, que j’avais besoin de pistes. Elle les a ouvertes de la meilleure façon qui soit, en cherchant à exprimer son attente avant que je ne commence à travailler. Si j’étais un peu Vieille France, j’appellerais ça du respect.
Je me suis ensuite rendu dans une buvette de l’aéroport de Roissy rencontrer Marion, en transit pour Djibouti où elle allait préparer son tournage. Ce fut immédiatement chaleureux. Le plaisir de se rencontrer était visible. Je lui ai remis à mon tour quelques disques. Nous avons convenu qu’il fallait que j’aille sur le tournage. Non pas nécessairement pour s’alimenter musicalement, mais surtout pour s’imprégner de l’aventure. Ce fut fait en février, j’ai pu me rendre sur quelques superbes décors (le lac Assal par exemple), rencontrer les comédiens et techniciens, et aussi et surtout mesurer la maîtrise et la résistance de Marion malgré les difficiles conditions de tournage. J’ai aimé son énergie inépuisable, son attention permanente pour tous, et son sang-froid face aux problèmes. En fait, et c’est très embêtant, je lui cherche encore des défauts, sans en trouver. Il faudra pour ça que nous fassions d’autres films.
Je n’ai commencé le gros de mon travail qu’après le tournage, mais l’essentiel était acquis : je savais à quoi j’allais servir. Je savais aussi que je pouvais gérer les enregistrements comme je voulais. Du coup, j’ai suivi mon intuition, en commençant à enregistrer des “matières” avec le percussioniste Joël Grare et du didgeriddo avec So Kalmery. C’était déroutant et, malgré mes commentaires, j’ai senti que… ça déroutait ! Malgré tout, je sentais la confiance toujours présente. Et c’est précisément dans ces circonstances que la différence se fait. À chaque étape des enregistrements, Marion me disait clairement ce qui lui plaisait et ce qui ne lui plaisait pas. Malgré tout, je me permettais de ne pas mettre totalement à la poubelle ce qui ne lui plaisait pas, car je voulais présenter ces éléments à nouveau, incorporés à d’autres instruments, d’autres thèmes. Sans que nous en parlions, elle l’a compris, puis admis.
Il nous fallait une chanson, nous le sentions et le désirions. J’ai fait beaucoup de maquettes. L’un des thèmes avait été retenu par Marion pour le générique de fin. Il ne manquait que la chanson “du départ”, qui devait être à la fois joyeuse et profonde. Je crois avoir pondu une bonne quinzaine d’idées, dont certaines ne sont jamais arrivées jusqu’aux oreilles de Marion. Ce qui ne m’a pas aidé, c’est que j’avais en tête la voix très particulière d’une chanteuse érythréenne que je tentais de faire venir, et cela modifiait les mélodies qui me venaient à l’esprit. Les enregistrements approchaient, un jour Marion me dit au téléphone : “René-Marc, je vais être chiante, mais tu sais, nous n’avons toujours pas notre chanson du départ”. J’en ai convenu, je savais qu’elle avait raison. Sentant que je peinais, Marion a fait quelque chose que j’ai beaucoup apprécié. Elle a refait le tour du site (c’est long !) pour y écouter tous les extraits. Elle a trouvé 4 musiques qui lui semblaient exprimer ce qu’elle recherchait. Dans ces musiques, il y avait bien sûr Sama Yoon des Caprices d’un Fleuve. J’étais au studio Tex Avril et… au pied du mur ! Il y avait à cette époque une magnifique kora qui trainait depuis belle lurette au studio. J’ai empoigné l’instrument et, en 10 minutes, ai trouvé l’arpège initial de ce qui deviendra Halkaas Saxahara. Je l’ai immédiatement enregistré. Puis ai enregistré un chant témoin. En fait, comme dans Sama Yoon, c’est le dialogue entre deux intruments à cordes pincées qui a emporté la décision : ngoni et harpe pour Sama Yoon, kora et harpe pour Halkaas Saxahara.
Celà faisait quelques semaines déjà que je voulais faire chanter Cathy Renoir dans ce film, même à l’époque où nos oreilles étaient pointées vers l’Érythrée. Depuis que nous avions renoncé , le choix de Cathy me paraissait évident, mais je ne voulais pas l’imposer d’emblée à Marion. Il n’était effectivement pas facile de changer à ce point de type de voix. Je devais lui démontrer que l’option était bonne, j’ai donc expliqué à Cathy la situation. Elle est venue immédiatement enregistrer une maquette. Nous avons “inventé” ensemble une langue d’afrique de l’est qui respectait certaines des syllabes que j’avais moi-même chantées, puis a enregistré 2 ou 3 pistes. La magie était déjà là. Marion a tout de suite aimé la chanson, j’en ai profité pour lui dire qu’on devait absolument la prendre pour le générique. Peu de temps après, elle était d’accord. Nous avons ensuite travaillé un texte en vrai somali, avec Maan Youssouf, djiboutienne qui vit en France et qui avait travaillé sur le tournage. Ce fut un beau moment d’osmose musicale. J’ai eu beaucoup de chance, j’étais entouré de 3 belles présences, qui ont permis l’accouchement (sans douleur ) de la chanson. J’ai ensuite écrit des cordes. Nicolas Montazaud s’est libéré pour faire quelques belles percussions (il revenait tout juste des États-Unis, mais je l’ai appâté en envoyant un mp3 de la chanson !). Le travail inspiré de Philippe Avril a fait le reste.
Je pourrais en écrire des pages, tant j’ai apprécié cette collaboration.
Mais il est temps de cesser les bavardages.
Il y a une formule qui pourrait remplacer tout le reste :
Merci Marion !
Présentation du CD/DVD de la Bande Originale du Film
Un CD/DVD ?
Un seul support : un CD d’un côté, un DVD de l’autre. Merci à Eric Clairsin, initiateur de nombreux packagings (comme on dit) originaux, qui a ainsi permis d’avoir des bonus video de qualité. Le digipack est en carton retourné et le livret 12 pages en papier recyclé.
Le CD
C’est la bande originale de Si Le Vent Soulève Les Sables. Tous les thèmes sont ici en version discographique, souvent d’une durée supérieure à ce qu’ils représentent dans le film. Les différentes versions de chaque thème ont été enregistrées pendant les mêmes séances, le son est donc exactement le même que dans le film, mais les structures sont plus développées. En plus de la chanson principale Halkaas Saxahara, certaines parties chantées ont été ajoutées (en tout 5 chansons), ainsi que la voix parlée de Maan Youssouf, auteur des textes en langue somali. Certains instruments aussi sont venus renforcer les arrangements : duduk, flûtes, piano, guitare, percussions. Et bien entendu, il s’agit d’un vrai mixage stéréo réalisé par Philippe Avril, et non pas, comme c’est trop souvent le cas, de simples réductions stéréo des mixages 5+1 réalisés pour le film (non, on ne donnera pas de noms).
Le DVD
Outre le Film Annonce de Si Le Vent Soulève Les Sables, ce DVD offre un film de 15’ réalisé par Jonathan Bouillet, pendant les séances d’enregistrement. “ René-Marc Bini, un compositeur pour l’image ” est un travail maîtrisé sur les différentes phases d’élaboration d’une musique de film. Le son brut de certains plans y est raccordé avec les mixages finaux avec minutie, la collaboration avec Marion Hänsel y est montrée sans effets de style. On peut notamment suivre la naissance et les développements de la chanson Halkaas Saxahara, avec Cathy Renoir et Maan Youssouf . On y découvre aussi l’immense complicité compositeur-ingénieur du son, en l’occurence Philippe Avril, qui a accueilli tout le monde avec bienveillance dans les studios Tex Avril.
Seule l’omniprésence de Jonathan Bouillet pendant les nombreuses séances a permis d’obtenir un tel résultat. Merci aussi à tous ceux qui se sont laissés filmer : outre Marion, Philippe, Cathy et Maan, on y voit l’orchestre à cordes concocté par Laetitia Ringeval, la violiste Sylvia Abramowicz, le percussionniste Nicolas Montazaud et un certain René-Marc Bini au piano… et aux commentaires !
“ René-Marc Bini, un compositeur pour l’image ”
Un film de 13′ réalisé par Jonathan Bouillet.
Filmé de mai 2005 à décembre 2006 aux studios Tex Avril, Opus et au studio de Meudon
Avec Marion Hänsel (réalisatrice), Cathy Renoir (chant), Maan Youssouf (voix et textes), l’orchestre à cordes (régie et premier violon Laetitia Ringeval), Sylvia Abramowicz, (viole de gambe), Nicolas Montazaud (percussions), Philippe Avril (ingénieur du son), René-Marc Bini (piano, commentaires…)
Traductions anglaises et sous-titres Manuela Collon et Lorna Linnane-Boyd
© Altynaï 2007